Vialatte à la Montagne
Alexandre VialatteJe voulais cet hommage. Je ne pensais pas rencontrer un tel enthousiasme, rallier autant de noms prestigieux autour de sa personne, écrivains, cinéastes, éditeurs ou penseurs, tous ces Vialattiens qui se trouvent réunis en une sorte de club informel. Des hommes, des femmes, de tous les âges, de tous les horizons liés par une commune admiration et l’amitié, valeur suprême pour Alexandre Vialatte. Tous, prêts à répondre au moindre appel et même à choisir leur chronique préférée – exercice difficile – comme l’ont fait certains, pour ce volume.
Cet enthousiasme me touche et légitime ma démarche. Je suis profondément attaché à Vialatte pour au moins deux raisons : parce qu’il fut l’un des collaborateurs essentiels de La Montagne, titre amiral du groupe de presse que je dirige aujourd’hui, et par goût. Une vieille histoire.
J’avais treize ans, je croyais déjà à la littérature. L’illumination m’était venue à la lecture des chroniques, rituellement programmées par La Montagne, de cet homme, un écrivain, qui savait sublimer la quintessence imaginaire de la vie, aux yeux éblouis de l’adolescent que j’étais.
Je découpais, d’un coup de ciseaux soigneux, je classais, avec méthode, dans une boîte à chaussures bleue, je pliais en deux, très précautionneux, puis je relisais, avec gourmandise, ces tranches de rêve hebdomadaire, exaltant après lui la grandeur consécutive d’Allah.